Mexique : assassinat du défenseur des droits humains M. Mariano Abarca Roblero - Frontline

APPEAL -11/12/2009

Le 27 novembre 2009, vers 19h45, M. Mariano Abarca Roblero a été assassiné à Chicomuselo, dans le Chiapas. Mariano Abarca Roblero était membre de l’organisation de défense des droits humains Dos Valles Valientes (Deux Vallées Courageuses), un mouvement opposé aux projets miniers. Il était aussi partisan de la Red Mexicana de Afectados por la Mineríá, REMA (Réseau mexicain des personnes affectées par les mines).
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Selon certaines sources, Mariano Abarca Roblero était assis dans son van garé devant chez lui et parlait avec M. Orlando Velasquez, qui était debout devant le van, lorsqu’un homme en moto s’est approché et a tiré sur lui. Mariano Abarca Roblero a reçu trois balles au cou et à la poitrine et il est décédé sur le coup. Orlando Velasquez a aussi été touché. Après avoir tiré, l’homme en moto a tourné au coin de la rue où il a retrouvé un autre homme. Les deux individus sont alors partis sur la moto, vers une destination inconnue.

Mariano Abarca Roblero était un défenseur des droits humains opposé aux projets miniers dans la municipalité de Chicomuselo, où la compagnie canadienne Blackfire Exploration Ltd extrait de l’oxide de barium depuis plusieurs années. Quelques jours avant son assassinat, Mariano Abarca Roblero avait porté plainte contre deux employés de Blackfire Explotation Ltd, à cause de menaces de mort qu’ils avaient proférées. Malgré cette plainte, les autorités n’ont pas pris de mesures de sécurité afin de le protéger.

En juillet 2009, Mariano Abarca Roblero avait participé à une manifestation devant l’Ambassade canadienne à Mexico, afin de demander le retrait des compagnies minières de la région. Depuis juillet, lui et d’autres habitants de la municipalité ont mené des actions telles que le blocage de routes à Chicomuselo dans le but d’empêcher le passage des camions et des machines de la compagnie. A cause de ces actions, Mariano Abarca Roblero a été arrêté le 17 août 2009, et accusé de troubler la paix, d’association criminelle, d’attaque de moyens de communication ainsi que de dommages et préjudices contre Blackfire Explotation Ltd. Mariano Abarca Roblero avait été libéré le 26 août 2009 pour manque de preuves.

Après sa libération, il avait immédiatement rejoint une manifestation organisée par les habitants de Chicomuselo, pour demander le retrait des compagnies minières. Il avait participé activement à la II Encuentro Chiapaneco (seconde rencontre du Chiapas) de REMA, qui a eu lieu les 29 et 30 août 2009 à Chicomuselo.

L’assassinat de Mariano Abarca Roblero fait partie d’une campagne d’intimidation contre les organisations qui sont opposées aux opérations minières au Chiapas. Les membres des organisations, y compris le Comité de Derechos Humanos Oralia Morales (Comité des droits humains Oralia Morales) à Frontera Comalapa, et le Comité de Derechos Humanos 10 de Enero (Comité des droits humains du 10 janvier) à Chicomuselo, reçoivent des menaces de mort depuis le mois de juillet. Ces menaces seraient proférées par des employés de Blackfire Explotation Ltd.

Front Line pense que le meurtre de Mariano Abarca Roblero a un lien direct avec son travail en faveur des droits humains, et particulièrement en faveur du droit à l’environnement et à la terre. Front Line considère que ceci fait partie d’une campagne de harcèlement contre les défenseurs des droits humains au Chiapas et est extrêmement préoccupée pour l’intégrité physique et psychologique des collègues de Mariano Abarca Roblero et de tous les défenseurs des droits humains dans la région.

Front Line demande instamment aux autorités mexicaines de :

1. Mener immédiatement une enquête complète et impartiale sur le meurtre de Mariano Abarca Roblero, avec l’objectif de publier les résultats de cette enquête, ainsi que de traduire en justice les responsables selon les standards internationaux ;

2. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique de tous les défenseurs des droits humains au Chiapas ;

3. Garantir que tous les défenseurs des droits humains au Mexique soient libres de travailler sans craindre ni restrictions ni représailles.